Bonjour,
J'ai traduit de l'anglais, le compte-rendu qu'un pilote de a KLM a posté hier dimanche 25 octobre sur le blog blog.klm.com.
Bonne lecture !

Comment les pilotes KLM se préparent à la mise en service du Boeing 787
Posté par le Commandant Bouke Rypma à 10:00 le 25 Octobre 2015

« Qu’est-ce qu’on a à en faire du nom ?” C’était ce que je pensais. En tant que pilote, je ne suis pas particulièrement intéressé par le nom d’un avion mais plutôt par son apparence et son comportement. Je suis l’un des pilotes chargés de l’introduction du Boeing 787 Dreamliner dans la flotte de KLM.  Voici comment nous nous y prenons.

L’introduction d’un nouvel avion est un moment de grande excitation dans toute compagnie aérienne, KLM n’y déroge pas. Cette étape confirme que la compagnie a confiance dans son futur et qu’elle désire travailler avec ce que la technologie a de plus récent à lui offrir. C’est ainsi qu’on peut présenter à nos clients une offre à la pointe de la compétition. Mais la mise en service d’un nouvel avion est une opération qui demande une préparation soigneuse.


De gauche à droite, les Commandents Bouke RYPMA (Pilote B787), Rudi Van BERKEL (Instructeur B787), et Harold Van den POL (Directeur des Opérations B777/B787)

Apprendre à piloter un B787

La caractéristique principale du Dreamliner est que tout pilote de Boeing 777 sera accrédité sur Boeing 787. Traditionnellement, un pilote commercial n’est autorisé qu’à piloter un seul type d’avion à la fois. Le changement d’appareil demande un entraînement spécifique de plusieurs mois. Mais le cockpit du Dreamliner est presque la copie parfaite de celui du B777, si bien qu’on peut piloter les deux avec une seule accréditation. KLM est la première compagnie aérienne au monde à utiliser cette option pour ses pilotes accrédités sur B777.
Cependant, un pilote de Boeing 777 doit quand même effectuer un peu de travail d’instruction lorsqu’il passe sur le Dreamliner. C’est d’abord lire d’épais manuels afin de comprendre les nouveaux systèmes de vol et les nouvelles technologies qui les assurent à bord du Dreamliner. C’est enfin pas mal de temps à bord d’un simulateur pour prendre en main les différentes spécificités du pilotage d’un Dreamliner. En ce moment, seuls les pilotes expérimentés de B777 sont en train de s’entraîner à piloter le nouvel avion. Cette instruction est la plus courte jamais réalisée chez KLM : une semaine de pilotage sur simulateurs suivie de deux vols supervisés sur un véritable B787.

Presque réel

Depuis Février 2015, KLM a mis en service son proper simulateur de Boeing 787 dans son centre de formation de Schiphol-Oost. Vous seriez peut-être étonné d’apprendre que ce simulateur n’est pas fabriqué par Boeing mais par Thales, qui est leader dans le domaine. Le Dreamliner est en quelque sorte un serveur volant, plein de technologies informatiques. C’est pour cela qu’il est assez aisé de donner une impression réelle de pilotage à la simulation du 787. De plus, la rapidité avec laquelle le graphisme informatique s’est récemment développé permet de donner un rendu visuel inégalable, très proche de la réalité.


Credit: RTV NH | Doron Sajet

La formation préparatoire des pilotes de B777 consiste donc à quelques jours d’enseignement théorique. C’est en fait une étude chacun de son côté suivie d’un examen. Puis le futur pilote du B787 passe quatre sessions de 3 heures et demie chacune sur simulateur avec deux instructeurs, l’un comme copilote et l’autre comme directeur de la session. L’apprenti-pilote pratique les manœuvres les plus critiques pour s’habituer aux procédures et aux réactions du B787. Ce sont des suites de pannes moteur, de perte de pressurisation en cabine, ou de pilotage dans des conditions météo extrêmes.

Les données de vol sont projetées sur la vitre

La plus étonnantes des innovations du B787 est ce qu’on appelle le HUD (Head-Up Display), qui est la projection des données essentielles du vol sur la fenêtre du pilote. Cela lui permet de surveiller les instruments essentiels tout en regardant l’extérieur. Une technique provenant directement de l’aviation de chasse. C’est particulièrement utile pour les phases de décollage et d’atterrissage, et quel confort pour le pilote par rapport à la situation précédente où il devait en permanence passer son regard du dehors aux panneau instruments et ainsi de suite.


FL400 TAS 255 kts

A la fin du mois d’Octobre, ce seront 90 pilotes KLM qui auront achevé leur formation sur B787 et qui seront impatients de passer à la pratique. Pour maintenir leur compétence, ils devront pratiquer régulièrement une piqûre de rappel jusqu’au moment où KLM recevra les Dreamliners qu’elle a commandés.

Un vol d’instruction avec un compétiteur

Bien qu’aucun B787 n’équipe encore la KLM, j’ai eu la chance d’être sélectionné avec d’autres pilotes de la KLM pour voler sur un B787 bien réel, celui de la compagnie concurrente : ARKEFLY. Cette possibilité a été négociée entre KLM et ARKEFLY pour qu’un certain nombre de ses pilotes puissent acquérir dès maintenant des heures de vol suffisantes sur Dreamliner. A cette occasion, j’ai pu voir combien la coopération des pilotes de compagnies, même concurrentes, est bien réelle dès qu’il s’agit de pilotage et de sécurité.


Credit: RTV NH | Doron Sajet

Nos collègues instructeurs de la compagnie ARKE, outre de nous montrer le pilotage en conditions réelles d’un Dreamliner, nous ont aussi fait part de leur propre expérience sur cet avion. Ce partage d’expériences nous a été très utile. Pour l’occasion, nous portions non pas un uniforme, de la KLM mais un uniforme e la compagnie ARKEFLY, comme ça il n’y avait aucun “étranger” à bord!
Quelle expérience unique ! Je pense vraiment que toute personne qui a piloté un Dreamliner vous dira que c’est un vrai rêve (NdT : rêve = dream en anglais ... jeu de mot de l’auteur néerlandais ici) comparé aux avions précédents, tellement cet avion est silencieux, agréable et confortable à piloter. Et, cerise sur le gâteau, les fenêtres plus larges donnent une vue spectaculaire, que ce soit en cabine pour les passagers ou au poste pour le pilote! Ces ouvertures bien plus larges ont été rendues possibles grâce à l’utilisation de matériaux composites, plus résistants que l’aluminium, pour construire le fuselage.

Aller prendre livraison du Dreamliner

Et, aujourd’hui, je suis tout simplement très impatient d’aller à Seattle, avec l’équipe KLM de réception, pour prendre livraison du premier Dreamliner et l’amener, en tant que pilote,  à Schipol (la date prévue est le samedi 14 novembre prochain). Cette équipe de réception est composée des collègues de plusieurs Départements de notre compagnie royale qui ont joué un rôle important dans le processus de livraison du Dreamliner. Outre moi-même, il y aura le Commandant Frank Hoftsra et le Copilote Wildo de Wilde, qui furent ceux qui testèrent le Dreamliner bien avant que la compagnie n’annonce son achat. Nous prendrons livraison, avec divers représentants de la KLM, du premier Dreamliner aux couleurs de la KLM. Puis, avec mes deux collègues pilotes, nous convoierons l’avion de Seattle à Amsterdam où de très nombreux pilotes et des fans et amis spotter seront là pour nous attendre. Ce nouvel avion, d’une grande beauté, est vraiment un plus pour regarder avec confiance l’avenir de notre compagnie.


Le Boeing 787 PH-BHA, prmeier Dreamliner de la KLM.

A propos du Commandant Bouke Rypma, l’auteur :
Je suis entré à la KLM en 1985 et j’ai toujours partcicipé aux étapes de développement de la compagnie. Je suis né dans la Province du Brabant et, donc, j’aime rencontrer et apprendre à connaître et apprécier de nouvelles têtes. Je sais ce qu’apporte le travail d’équipe. Je suis le directeur opérationnels des pilotes de notre flotte de B777 / B787.

En espérant que vous aurez été intéressé(e) par ce sujet que j'ai trouvé très agréable à traduire.
Philippe