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philouplaine
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[Réel] Blog KLM - Un morceau d’histoire à nouveau dans les airs

Bonjour cher(e)s ami(e)s,
Une nouvelle traduction d'un post assez récent sur le blog de la KLM.
Pour les amateurs du temps où les avions vibraient au rythme de moteurs à piston.
Bonne lecture!
Philippe


Un morceau d’histoire à nouveau dans les airs

Posté par Lars den Hartigh et Frido Ogier le 28 mars 2017
Commandant de bord à la KLM sur Embraer E190.


Quel effet ça nous ferait de revoir un bon vieux quadrimoteur de la fin des années quarante allant et venant dans le ciel européen? À la KLM, nous en avons souvent rêvé. Immédiatement après la Seconde Guerre Mondiale, la KLM utilisait des Douglas DC-4 sur son réseau intercontinental renaissant, comme Air France d’ailleurs. C’est d’ailleurs un DC-4 qui inaugura le premier service d’Amsterdam à New York le 21 mai 1946 avec deux escales en Irlande et à Terre-Neuve. Un mois plus tard, le 23 juin 1946, Air France inaugurait à son tour la première liaison du Bourget à La Guardia avec le DC-4 « Ciel Ile de France ».

Vidéo du Premier Vol AMS-NYK en mai 1946 ici.

Le Douglas DC-4

Le DC-4 Skymaster est à peu près de la même taille que l’une des dernières acquisitions de la KLM : l’Embraer E175, accueillant 50 passagers qui voyageaient alors dans des conditions très proches de celles des voyageurs de la Classe Affaire aujourd’hui.

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Le DC-4 était propulsé par quatre moteurs à pistons Pratt & Whitney R2000 (2 000 parce que d’une cylindrée de 2 000 pouces cubiques soit près de 33 litres répartis en quatorze cylindres). Le DC-4 pouvait voler 16 heures sans escale à une vitesse de croisière de l’ordre de 365 km/h. Son rayon d’action était donc de peu supérieur à celui de l’E175.

Acheter un DC-4 en 2013

Fin 2013, avec trois amis, nous achetions un authentique DC-4 (NdT : voir l’histoire sur pilote-virtuel ici) qui croupissait sur un bout de tarmac exposé aux quatre vents d’un musée de l’aviation près de Johannesburg and Afrique du Sud. Après des heures et des heures de frustrations et d’échecs répétés, trois ans après son acquisition, nous commençons enfin sa restauration !

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Acheter un avion ancien est presqu’aussi facile que d’acheter une voiture ancienne. Tout le problème, c’est de le faire voler. Le DC-4 que nous venions d’acheter n’avait pas volé depuis des lustres et, du coup, il fallait lui faire passer une visite de type D.

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C’est une révision complète qui peut prendre plusieurs semaines et qui, normalement, a lieu tous les 10 ans. En fait, l’avion est démonté. À commencer par les moteurs qui sont nettoyés et réparés si nécessaire. Ensuite ce sont tous les instruments de bords et les commandes de vol. Enfin toute la cabine est déshabillée, et le métal de la carlingue est mis à nu pour une inspection des corrosions ou des fracturations éventuelles.

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Sur notre vieux DC-4, qui n’avait pas volé depuis bien longtemps, cette visite de maintenance prit pas loin de 6 mois ... oui, vous avez bien lu : 6 mois ! Un premier problème, c’est qu’après l’avoir acheté, nos quatre comptes en banque étaient à plat. Il nous fallait donc trouver un financement alternatif. Nous avons alors tout essayé (dans l’ordre): la famille, les copains, des sponsors éventuels, et le financement participatif sur internet (crowd-funding). Les réponses furent enthousiastes, au-delà de nos espérances, mais la somme totale collectée ne couvrait pas le coup de la grande visite de notre DC-4. J’en étais presqu’arrivé à l’idée de me débarrasser de ma nouvelle acquisition quand ... je tentais une dernière chose.

Tout le monde comprenait bien que ce DC-4 nous tenait à cœur, mais nous n’avions pas du tout expliqué ce que nous voulions en faire, une fois en état de vol. L’utiliser pour nous seuls ? Une sorte de jouet personnel ? Ce n’était pas le cas, nous voulions le partager avec le plus de monde possible. Alors, brusquement, l’idée s’est faite jour d’un coup : refaire avec ce DC-4, dans des vols ouverts organisés pour le plus grand nombre, les liaisons intercontinentales qu’il assurait à la fin des années quarante et au début des années cinquante sur le réseau de la KLM. Quand un vol d’Amsterdam à Johannesburg durait bien plus que les 10 heures 30 actuelles.

En gros, on comptait utiliser ce DC-4 pour transporter à nouveau des passagers payants aux quatre coins du globe, comme au bon vieux temps. Imahinez ! Refaire ce vol qui durait plusieurs jours, en un voyage de trois semaines, d’Amsterdam à Jakarta vers les anciennes Indes Néerlandaises, avec des escales dans chacune des stations que la KLM avait installé tout le long de cette ligne des Indes. Quel voyage non ?

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Ce concept fut trouvé suffisamment intéressant pour nous attirer tout un groupe, petit mais déterminé, d’investisseurs qui, au départ, n’avaient même pas répondu. Et du coup, nous avions suffisamment d’argent pour payer la grande visite de notre DC-4!

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Et, par un beau jour d’automne, le Skymaster de Johannesburg fut remorqué dans un atelier de maintenance. C’était la première fois, depuis plus de 10 ans, qu’il était mis en mouvement. Et Johannesburg, sous son air de cimetière pour les vieux avions, fut en fait un mal pour un bien car c’est aussi à Johannesburg que se trouve l’entreprise Skyclass, une Société de maintenance d’avions modernes mais qui avait aussi une longue expérience des DC-4 ! Incroyable mais vrai. Et c’est dans leurs locaux que notre DC-4 fut mis en pièce pour sa Grande Visite.

Et me voilà, confortablement installé dans la cabine d’un Boeing 777 de la KLM en route pour Johannesburg où notre DC-4 attend tranquillement parqué sur le tarmac de Skyclass. Dans quelques heures, demain, je serai près de ce DC-4 accompagné d’un premier ingénieur bénévole de la KLM, pour assister à son entrée en Grande Visite dans le hangar de Skyclass. Pas mal de mécaniciens de la KLM se sont portés volontaires pour aller passer un peu de  leur temps libre sur ce DC64 et apprendre les secrets de la maintenance d’un vieux papy qui, un jour prochain revolera aux couleurs de la KLM.

Une video de la maintenance de notre DC-4 : ici.

Un DC-4 transformé en avion d’affaire

Si l’on regarde de plus près cette photo, qui date de 1947, on s’aperçoit que cette vue de la cabine d’un DC-4 de la KLM n’est pas habituelle ... surtout pour l’époque. On dirait bien un avion d’affaire avant l’heure, non ? Tout l’arrière de la cabine est occupé par deux fauteuils confortables avec des ottomans (et leur ceinture de sécurité), un divan, des liseuses cuivrées, une jolie table en marqueterie avec un cendrier, une moquette épaisse et ... un tourne-disque. Et ce n’était que le début ... d’un voyage autour du monde en 53 jours !

Le 12 mars 1947, l’un des 18 DC-4 de la KLM, le PH-TAT « Twenthe », s’envolait de Schiphol pour un voyage de 53 jours autour du monde. Il n’emportait que seulement deux passagers, oui vous avez bien lu : deux passagers. M. et Mme. Bernard Van Leer, le président et propriétaire de la Société Van Leer, le n°1 mondial de l’emballage à l’époque, partaient pour ce voyage dans le but de visiter, une à une, toutes les différentes usines du Groupe Van Leer dans le monde.

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Avec l’aide de la KLM, M. Van Leer put effectuer cette gigantesque tournée d’inspection et aussi mener d’innombrables visites d’affaire sur les cinq continents. Pour ce faire, la KLM avait transformé l’un de ses DC-4 totalement en un espace luxueux avec bureau, salon d’apparat, salle à manger avec cuisine et une chambre à coucher avec un vrai lit. Et donc, voilà pourquoi un tourne-disque était là.

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C’est vraiment un détail dans la liste des choses introduites dans la cabine de cet avion, mais c’est assez intriguant de voir ce magnifique tourne-disque trôné dans la cabine d’un avion de cette époque. Est-ce que c’était décoratif uniquement ou bien l’utilisait-on pour jouer de la musique ? Est-ce que les Van Leer dansaient pendant un vol un peu long ? Peut-être même une petite rumba ? Dans une grande cabine de DC-4, ce n’est pas la place qui manquait pour danser mais ... Que faire des vibrations des quatre moteurs à piston ? Que faire des turbulences ? Sur un tourne-disque comme celui-là, à chaque petite turbulence - et volant à 6 000 m le DC-4 ne manquait pas d’être secoué souvent – le microsillon devait sauter et la danse s’arrêter. Pareil, si les Van Leer décidaient d’être mélomanes. Mais, peut-être les mouvements erratiques du DC-4 en vol n’étaient pas si importunant. Après tout, dans ces années-là, les disques étaient des 78-tours avec des sillons beaucoup plus profond, et donc accrochant mieux l’aiguille qu’un 33-tour. On ne le saura jamais. Ce qui n'empêchait pas nos pilotes de se la jouer modeste, en roulant en Solex:

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ouaf ouaf ! bon toutou !!

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