Cher(e)s ami(e)s,
Je vous ai traduit un article tout récent de FlightGlobal sur le récent symposium de l'ISTAT à Lima où M. John Slattery, directeur d'Embraer, a fait quelques révélations sur leur dernier-né l'E195-E2.
Il s'agit bien sûr de la lutte sur le marché des avions régionaux entre Boeing (et Embraer avec l'E195-E2) et Airbus (et Bombardier avec l'A220) ... d'où quelques porpos pas très sympas de ce Monsieur Slattery à propos de Toulouse...
J'espère que ce court article vous intéressera!
Bonne lecture
Philippe

Embraer se prépare à livrer son premier E195-E2
Source : Flight Dashboard.com, Auteur : Edward Russell, Lima, Pérou, 16 novembre, 2018

Embraer se prépare à des débouchés importants en Amérique pour son nouvel avion de ligne l’Embraer E195 E2, alors que le premier avion de série sera livré à la compagnie Azul dans moins d’un an.



Lors du dernier congrès de l’ISTAT (International Society of Transport Aircraft Trading) pour l’Amérique Latine à Lima, le 15 novembre dernier,, le PDG d’Embraer, John Slattery, a déclaré : « Je suis certain qu’il existe pour notre compagnie de gigantesques opportunités dans le marché des avions régionaux de grande capacité. »



Il a continué en précisant ceci : « Ces opportunités correspondent sans doute au signe avant-coureur qu’a été la vente de 120 biréacteurs régionaux monocouloir de nouvelle génération à des clients aux Etats-Unis et en Amérique Latine qui souhaitaient moderniser leur flotte d’Embraer E190. »

Aux Etats-Unis, Spirit Airlines et United Airlines ont déjà révélé qu’elles considèrent le modèle E195-E2 comme un très probable prochain achat, parmi d’autres options néanmoins. Aeromexico et Aerolineas Argentinas via sa filiale régionale Austral Lineas Aereas, ont annoncé qu’elles souhaitaient remplacer tous leurs E190.

L’Embraer E195-E2 a été présenté pour la première fois aux clients potentiels au Salon du Bourget de 2013. Il présente un fuselage allongé, une motorisation très moderne avec deux turboréacteurs à réducteur Pratt & Whitney PW19000G, et, surtout, une toute nouvelle aile. M. Slattery a annoncé que la certification de l’E195-E2 est attendue pour le premier semestre de 2019 et que la première livraison d’un avion de série aura lieu au début du second semestre 2019 pour la compagnie brésilienne Azul Brazilian Airlines.



Les ventes de l’E195-E2 sont pour le moment distancées par le nombre de commandes de l’Airbus A220, qui vole déjà et qui, surtout, se sont littéralement envolées depuis le rachat du programme CSeries de Bombardier par Airbus en juillet dernier. C’est ainsi que JetBlue Airways, qui avait décidé de remplacer ses 60 Embraer E190, et qui est connu pour utiliser une flotte importante de 190 Airbus de la série A320, a choisi l’A220-300 au détriment d’Embraer peu de temps après que cette acquisition soit finalisée par Airbus.



M. Philippe Balducchi, un cadre d'Airbus qui est venu piloterle programme A220 et donc président du partenariat entre Airbus et Bombardier pour les ventes et le développement du programme A220, a révélé au journaliste de FlightGlobal en juillet dernier que le constructeur européen en rachetant le programme CSeries lui a apporté une « crédibilité » et une « vision de continuité dans le futur » qui lui manquait et que les compagnies potentiellement clientes ont beaucoup apprécié « parce que c’est ce qu’elles cherchent dans toute nouvelle famille d’avions ».



L’accord entre Bombardier et Airbus a causé un véritable séisme dans le monde fermé des constructeurs d’avions, « en entraînant un changement significatif dans la dynamique du marché actuel » d’après M. Slattery. Embraer a répondu à ce changement en s’alliant avec Boeing dans une joint-venture qui voit le constructeur basé à Chicago prendre une participation financière à hauteur de 80 % dans le programme E195-E2.

M. Slattery ajoute que: “non seulement nous faisons équipe avec une société telle que Boeing mais nous en recevons une franchise de dépôt, voilà qui va très certainement plaire aux futurs clients de l’E195-E2. » Il continue en précisant que « Embraer et Boeing sont dans la dernière ligne droite (NdT in the final furlong) avant la signature finale du contrat d’alliance qui demandera, ensuite, diverses approbations officielles avant d’être conclu.

Alors qu’on lui demandait si Embraer s’attendait au même effet de cette alliance avec Boeing que constaté suite à l’alliance de Bombardier avec Airbus, M. Slattery a répondu qu’il était très confiant car de nombreuses compagnies aériennes américaines, traditionnellement favorables à Boeing, utilisaient des avions régionaux Embraer E175 qu’ils souhaitaient remplacer prochainement.

Un Client Impatient

La compagnie Azul, basée à Viracopos, est impatiente de recevoir le nouvel Embraer.  Le nouvel appareil, l’E195-E2, devrait, selon la présentation de Mme Priscilla Branco au forum ISTAT de Lima, faire économiser suffisamment de carburant à la compagnie pour qu’elle puisse réduire le prix de ses billets de pas moins de 14%.  Mme Branco est la directrice des achats d’avion chez Azul. De plus, le nouvel avion E195-E2, avec ses 136 sièges, lui permettra d’augmenter significativement son offre de sièges, l’E195 actuel ne comportant que 118 sièges.

Azul prévoit de remplacer ses E190 et E195 un par un avec des E195-E2 au fur et à mesure où ils seront livrés. La compagnie brésilienne exploite actuellement neuf E190 et 54 E195, et elle a commandé ferme 36 E195-E2.

M. John Rodgerson, directeur général chez Azul, se réjouissait des délais rencontrés par les compagnies clients d’Airbus pour les modèles A220 et A330-900neo, et déclarait: “Nous sommes plein d’enthousiasme à pousser M. Slattery pour que l’E195-E2 soit prêt au plus vite, et échapper ainsi aux problèmes que nos amis de Toulouse rencontrent ».

M. Slattery répond qu’il est « très fier » de livrer le premier E195-E2 de série à la compagnie Azul qu’il décrit comme étant « la compagnie aérienne la plus fidèle, «étant un peu de la maison d’Embraer ». Ce n’est pas si faux car sur GoogleMaps on voit bien que la ville de Viracopos, le siège d’Azul, n’est qu’à 170 km du siège d’Embraer à Sao Jose dos Campos.

Embraer livrera ensuite le second E195-E2, probablement en avril 2019, à la compagnie norvégienne Wideroe. Ensuite, d’autres seront livrés dans la foulée à Air Astana puis à Fuzhou Airlines.

La compagnie d’initiation du programme, Azul Brazilian Airlines, n’a pas encore finalisé le nombre exact ainsi que le calendrier des livraisons de ses E195-E2. En effet, plusieurs des avions qu’elle envisage de mettre en service sur ses lignes ne seront pas achetés mais loués à diverses sociétés dont la société AerCap, la plus grande société de leasing d’avions au monde avec pas moins de 1566 avions dans son carnet.

Au forum de Lima, M. Slattery a annoncé que son carnet de vente comptabilisait 132 E195-E2 commandés ferme et des options portant sur 52 autres appareils. Embraer a reçu des lettres d’intention portant sur 510 autres E195-E2.
M. Slattery continue son idée en disant que Bombardier fait face à des défis difficiles actuellement. En Juillet, Bombardier a cédé sa division CSeries à Airbus, début novembre Bombardier a vendu pour 300 millions de dollars sa division Dash 8 à la compagnie Longview Aviation Capital, une filiale du constructeur canadien Viking Air. Il ne lui reste plus donc que la vénérable division CRJ dans son portefeuille de produits.

M. Slattery précise « Ils n’ont plus que le programme CRJ avec seulement, d’après moi, une cinquantaine d’avions à produire dans les mois qui viennent (...) Ça va leur être dur de maintenir ce programme et d’engranger de nouvelles commandes de CRJ alors qu’il ne leur reste qu’un arriéré de commandes qui va s’amenuisant (NdT a dwindling backlog). C’est une situation où l’argent frais, le sang pour les pièces détachées et l’équipement, ne rentre plus. Vont-ils continuer d’être dans les affaires ?  Très clairement, les gens de Mirabel font face à un gros défi. »

Pour sa part, Bombardier ne fait pas mystères de n’avoir aucune prétention à rester dans la construction d’avions pour les compagnies aériennes. Le directeur général, M. Alain Bellemare, a annoncé plus tôt en novembre que la société Bombardier va se repositionner en se concentrant sur ses autres savoir-faire : le ferroviaire, l’aviation d’affaire et l’aéroportuaire. Il a aussi précisé que Bombardier perdait de l’argent avec le programme CRJ et que, par conséquent, ils exploraient d’autres pistes stratégiques. Cependant, il a ajouté que ce ne sont pas moins de 1412 avions CRJ qui volent actuellement dans le monde.

M. Slattery à qui on demandait si Embraer ne serait pas intéressé de reprendre le programme CRJ, a dit un très net : « Non ! Nous avons nos propres avions. Les CRJ ne nous intéressent pas ».