Bonjour,
J'ai traduit de l'anglais, les posts récents que deux personnels de la KLM ont envoyé le 11 Novembre et aujourd'hui  sur le site blog.klm.com.
Bonne lecture !

1er Post : l’assemblage
Posté par Edwin Koslov à 09:30 le 11 Novembre 2015
   
La mise en service de la dernière acquisition de la KLM, le tout nouveau Boeing 787-9 Dreamliner, est pour dans quelques jours maintenant, ce sera à Schiphol-Amsterdam le 14 Novembre prochain. J’arpente tout Everett depuis le mois d’août dernier car je supervise la construction de cet avion pour le compte de la KLM. J’aimerai donc vous en dire un peu plus sur la manière dont cet avion est construit.

Le Boeing 787-9 est un avion inhabituel en ce sens que ces composants sont produits un peu dans tous les coins du monde : les ailes viennent du Japon, les portes de la France, les volets d’Australie, et des paries importantes du fuselage viennent d’Italie. Des douzaines de sous-traitants participent à la production de cet avion. A la différence des autres avions de Boeing produits à Everett, le B787 n’est pas à proprement parler construit, il est plutôt assemblé. Cet assemblage prend 24 jours et se fait à 6 postes.



Le Boeing 787 Dreamliner

Je ne suis pas venu à Everett tout seul. Outre moi-même, l’équipe KLM comprend un spécialiste technique et deux ingénieurs qui suivent l’assemblage de l’avion pas à pas tout en surveillant la technologie (NdT sic).
Le Dreamliner est l’un des avions les plus modernes qui soit. Plus de la moitié de l’avion est construit en matériaux composites, pas en aluminium.  Cela conduit à gagner près de 20 % sur le poids. La plus grande résistance des matériaux composites a permis d’élargir très nettement la section du fuselage ce qui donne plus d’espace intérieur dans la cabine. Les avantages pour le passager sont indéniables.

Poste 0: la préparation des plus gros éléments

C’est à ce poste que les éléments les plus gros (les sections de fuselage, les ailes, le nez de l’avion, la dérive) sont préparés pour être assemblés. Ce qui demande le gros de l’effort à ce poste c’est l’assemblage de la dérive sur le fuselage.
La première inspection que nous effectuons se fait à ce stade. Nous inspectons, par exemple, si le câblage électrique a été fait comme nous le souhaitons, ou bien s’il n’y a eu aucun dommage à la structure pendant cet assemblage. Enfin, nous vérifions l’absence de déviation par rapport aux normes du constructeur.

Poste 1: les ailes et le fuselage

C’est à ce poste que l’avion en construction acquiert sa silhouette caractéristique d’avion. Les ailes sont attachées au fuselage à ce poste. Cette opération prend très exactement 4 jours pendent lesquels des éléments de plusieurs tonnes sont emboîtés avec une précision incroyable. D’abord els ailes sont mises à reposer sur d’énormes vérins mobiles. Ensuite, elles sont manœuvrées pour venir contre le fuselage dans l’axe de leur fixation. Des lasers sont ensuite utilisés pour déterminer avec précision où une perceuse, guidée par ordinateur, doit percer les trous qui recevront les écrous de fixation des ailes dans le fuselage. Ainsi l’ajustement final est parfait

Le nez est ensuite fixé au fuselage et, en dernier, c’est au tour de la dérive. La dérive st alors tout de suite peinte aux couleurs de la compagnie. Puis, on fixe le train d’atterrissage. A ce stade, nous inspectons principalement le câblage des réservoirs, et tout l’équipement de conditionnement d’air en-dessous du sol de la cabine.

Poste 2: L’aménagement intérieur

Ce qui sera très bientôt le PH-BHA est arrivé au poste 2 qui se trouve à peu près à mi-chemin de la ligne d’assemblage. C’est à ce poste qu’on installe à peu près tout l’intérieur de la cabine : les cuisines, les toilettes, les sièges et le plafond. Même si peu de personnes semblent y travailler, l’assemblage dès ce stade avance très vite. C’est dû principalement à une excellente coordination. A ce stade, les réacteurs sont installés, de même que les portes. Tous les circuits hydrauliques sont remplis de leur liquide correspondant. Enfin, un certain nombre d’essais sont réalisés concernant la gestion du carburant, l’électronique et les logiciels de gestion du vol.

Poste 3: ‘c’est vivant!’

C’est à cette étape que l’avion
devient « vivant ». Tous les systèmes hydrauliques et électriques sont activés. L’avionique est activée et des essais sont effectués. L’avion commence à alimenter en données l’AMS (Aircraft Maintenance System), les premiers signes d’une vraie vie électronique sont alors détectés.

Poste 4: Essai, Essai, Un, Deux

A ce poste, il y a beaucoup moins d’équipements autour de l’avion. La nuit dernière (NdT : 10-11 Novembre), nous avons effectué le tout dernier essai de pressurisation de la cabine, et dans la cabine, les compartiments à bagages ont été installés en tout dernier. C’est à ce stade que les sièges de la cabine Eco sont installés. Ensuite, le Inflight Entertainment System est testé.

Poste 5: La Peinture

L’avion étant sur ses roues, le PH-BHA est ensuite remorqué du poste 4 au poste 5, qui est dans le hangar de peinture, là où il va trouver sa livrée définitive. Tout comme dans la peinture des voitures, l’avion va recevoir deux couches : une couche d’apprêt et l’autre la définitive.



Après ces deux couches, l’avion recevra une couche de vernis clair destinée à protéger la peinture et à faciliter les lavages. Ce vernis est tellement lisse qu’on peut se peigner en regardant son reflet dedans.



Poste 6: Prêt pour le premier vol

Tout est calé! L’avion est alors prêt à faire son premier vol. Auparavant, tout les systèmes sont réessayés, les pompes, les lumières extérieures, etc.

Une fois tous ces tests effectués et passes avec succès, l’avion est prêt pour son premier vol. Les deux Dreamliner de la KLM, le PH-BHA et le PH-BHC, ont magnifiquement réussi ce premier vol. Maintenant, ces avions attendent l’arrivée de l’équipage de la KLM qui est chargé de les amener le 13 Novembre prochain à leur nouvelle maison, l’aéroport de Schiphol où ils atterriront le samedi 14 Novembre.

A propos d’Edwin Koslov, l’auteur
En Août 2015, j’ai été nommé comme superviseur de l’assemblage des vingt Boeing 787  commandés par la KLM. Je m’occupe de vérifier tout ce qui pourrait aller de travers pendant l’assemblage des avions sur place chez Boeing à Seattle-Everett. Dans ce travail d’équipe, je dois m’attacher à trouver le bon compromis entre les intérêts de la KLM, les délais de construction et les bonnes relations avec Boeing.


2nd Post: La livraison d’un avion flambant neuf
Posté par le Cdt Bouke Rypma à 15:41 le 13 Novembre 2015

Au moment même où vous lirez ceci, nous serons en train de préparer le vol de livraison du premier Dreamliner de la KLM de Seattle à Amsterdam. Tout le monde est très excité à Amsterdam pour l’arrivée de ce nouveau venu. Pour nous, c’est la joie et un incroyable coup de fouet pour pas mal de temps. Aujourd’hui, j’aimerai vous dire ce qu’on ressent lorsqu’on prend livraison d’un tout nouvel avion.

Voir la vidéo youtube postée par l’auteur:

https://www.youtube.com/watch?v=eetLeLOfxbQ

La commande d’un nouvel avion est quelque chose d’assez lourd pour une compagnie aérienne. Vous faites votre commande, vous signez un contrat d’achat, l’avion est construit quelques années plus tard et, à la fin, vous allez en prendre livraison à son usine d’assemblage.

Il y a, la plupart du temps, un espace de plusieurs années entre la signature du contrat et la réception de l’avion.  Pendant ce temps, toute sorte de préparations sont faites dans la compagnie pour recevoir efficacement le nouvel avion. Les spécifications sont réglées : le nombre de sièges ? quel type de galleys ? quelles options supplémentaires ?
On en profite aussi pour mettre en place des programmes d’entrainement des pilotes et du personnel de cabine, ainsi que du personnel au sol et de ceux chargés de l’entretien et de la maintenance. Bien sûr, les pilotes s’entraînent sur un simulateur, qu’il faut donc acheter.

Boeing construit l’avion en étant aidé par de nombreux sous-traitants. Les différentes parties construites dans le monde entier sont acheminées aux usines Boeing de Seattle (Etat de Washington) ou de Charleston (Etat de Caroline du Sud).

L’équipe de réception de l’avion

La construction est suivie sur place en permanence par une équipe de spécialistes techniques de la KLM. Environ 15 jours avant la remise de l’avion à la KLM, une équipe de réception se rend d’Amsterdam à Seattle. Cette équipe comprend de nombreux spécialistes qui vont mettre le nouvel avion à l’épreuve pour une batterie de tests de certification en suivant une checklist propre à la compagnie. Chaque élément de l’avion est alors scruté.



A ce moment-là, l’avion sera sorti du hall d’assemblage et aura fait son premier rouler sous la supervision de l’équipe « Stall Team » de Boeing, qui est responsable de la livraison de l’avion depuis sa sortie du hall d’assemblage jusqu’à la remise de l’avion à ses propriétaires. L’avion est parqué sur un tarmac spécial appelé la « flight line », à côté d’autres 787 attendant d’être remis à leurs propriétaires respectifs. C’est à cet endroit que toutes les dernières opérations sont effectuées avant que la Stall Team ne  remette l’avion à l’équipe de réception.

Un vol d’essai

Les pilotes, le Commandant  Frank Hofstra et le Copilote Wido de Wilde, vérifie que toute l’avionique fonctionne correctement d’abord au sol, puis en vol lors d’un vol d’essai en étant accompagné par une pilote d’essai de Boeing.

Pendant ce premier vol d’essai, qui dure de trois à quatre heures, l’avion est placé dans des attitudes de vol extrêmes, attitudes qu’il ne rencontrera jamais durant sa carrière. Ceci permet de vérifier le bon fonctionnement de toutes les  alarmes.



Frank et Wido ont suivi une formation spéciale pour apprendre à effectuer ce vol d’essai. Ces deux-là sont des pilotes très expérimentés, ils auront notamment la charge de concevoir et d’écrire le futur manuel de la KLM pour l’utilisation des Boeing 787-9.

Echange du titre de propriété

Une fois tout en ordre, arrive la cérémonie de l’échange du titre de propriété de l’avion. C’est en fait une conférence téléphonique durant laquelle les différentes parties (KLM, Boeing, la compagnie de location, la banque, plusieurs avocats d’affaire) se réunissent et donnent chacune le feu vert pour le transfert de l’avion.

La plupart des compagnies aériennes aujourd’hui ne possèdent en propre que quelques uns des avions de leur flotte, tous les autres sont loués. Dans le cas du PH-BHA, cet avion est loué par la KLM  et donc la réception de l’avion neuf fait intervenir deux équipes : celle de l’utilisateur (la KLM) et celle du propriétaire (la compagnie de leasing).



Peu de temps avant le vol pour Amsterdam, l’avion neuf sera intronisé officiellement dans la flotte de la KLM lors d’une cérémonie en présence du Président Directeur Général de la KLM, Pieter Elbers, et de nombreux invités.
Puis viendra enfin le moment pour lequel tant de personnes ont travaillé depuis plusieurs années, une fois tous les invités confortablement installés sur leur siège dans le nouvel avion, Frank, Wido et moi nous nous installerons dans le poste de pilotage et nous décollerons très fièrement pour Amsterdam où nous devrions atterrir le Samedi 14 Novembre prochain. Et ce jour-là, une fois enfin arrivé chez lui, le premier Dreamliner de la flotte KLM enterra en service pour accueillir ses premiers passagers.

A propos du Commandant Bouke Rypma, l’auteur:
Je suis entré à la KLM en 1985 et j’ai toujours participé aux étapes de développement de la compagnie. Je suis né dans la Province du Brabant et, donc, j’aime rencontrer et apprendre à connaître et apprécier de nouvelles têtes. Je sais ce qu’apporte le travail d’équipe. Je suis le directeur opérationnels des pilotes de notre flotte de B777 / B787.

En espérant que vous aurez été intéressé(e) par ce sujet que j'ai trouvé très agréable à traduire.
Philippe