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philouplaine
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[Réel] Blog KLM - Un conte de Noël

Bonjour,

Je continue à vous fournir, de temps en temps, les traductions, accompagnés de photos, de certains des posts quotidiens du Blog : Meanwhile at KLM. Celui-ci concerne un conte de Noël bien réel  ... et qui date de 1933!
Bonne lecture.

Philippe

Le conte de Noël de la KLM
Posté par Frido Ogier à 09:30 le 21 Décembre 2015


Autant terminer cette année de blogging par un joli conte de Noël, non ? Il y a un avion plein de courrier, un pilote pressé de retourner chez lui parce que sa femme est tombée malade, et une foule de personnes enthousiastes pour le Pelikaan qui fit tomber deux records en Décembre 1933.

Pensez-y un moment : vous avez tout arrangé, parfaitement et sans laisser la moindre chance au hasard. Tout cela parce que vous vous préparez pour un très long voyage, de plusieurs jours à bord d’un avion tout récent. Or cet avion va transporter le fret le plus précieux qui soit, des lettres de Noël. Et patatras, le destin s’en mêle, un moteur lâche et il faut alors changer d’appareil.

Le Zilvermeeuw (le Goéland argenté) fut, à une époque, le plus récent des avions sortis des usines Fokker. Le train était rétractable, et les moteurs étaient entourés d’une coque aérodynamique. Comme les trois moteurs de l’avion étaient puissants, la combinaison de toutes ces particularités nouvelles faisaient du Zilvermeeuw l’un des avions commerciaux les plus rapides de l’époque.

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On demandait beaucoup à ce nouvel avion si rapide. C’est notamment pour cela que le Zilvermeeuw fut choisi en Décembre 1933 pour transporter aux Indes Néerlandaises le courrier de Noël de cette année-là. L’équipage pour ce vol spécial était composé du Commandant Iwan Smirnoff (sic !), du copilote Piet Soer, de l’opérateur radio Cornelis van Beukering et du Mécanicien Sjef Grosfeld.

Du Goéland au Pélican

Le 18 Décembre 1933,  il y avait foule sur le tarmac bétonné de l’aéroport de Schiphol pour regarder le tout nouvel avion Fokker, le Zilvermeeuw, partir pour ce très long vol qui allait le mener à Batavia (l’actuelle Djakarta). Tout avait été consciencieusement planifié pour que le courrier puisse bien arriver avant Noël. Avec un peu de chance, les gens dans la colonie indonésienne pourraient même expédier leurs réponses.

Mais, dès le démarrage dans le hangar, les choses allèrent de mal en pis. Les pannes moteurs s’enchaînaient et se diversifiaient avec une telle ampleur, qu’il aurait fallu plusieurs jours de réparation pour en venir à bout. Or le temps manquait ! Parmi le personnel de la KLM et dans la foule dehors, c’était la déception.

Dans la confusion, Albert Plesman prit la décision de changer d’avion pour le Pelikaan , qui, lui, était prêt au départ mais pour une tout autre destination. Si la foule manifesta sa joie de voir le vol partir, même sur un autre avion, le Pelikaan était un Fokker F-XVIII équipé de moteurs beaucoup moins puissants, il était nettement plus lent. Mais, au moins, ses moteurs fonctionnaient. Plus lent voulait dire une réelle incertitude sur la possibilité que le courrier arrive à temps à destination.

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Après que la demi-tonne du courrier ait été transférée d’un avion à l’autre, Smirnoff et son équipage montèrent à bord. Le commandant Smirnoff n’était pas plus gêné que ça du changement d’appareil. Il avait déjà volé sur le Pelikaan auparavant et il savait d’expérience qu’un nouvel avion riche en innovations était généralement une source de problèmes lors de sa mise en service.

Resté éveillé

Ne pas dormir, voler vers l’est encore et toujours, l’équipage fit tout son possible pour rejoindre Batavia à temps. Il savait que ce serait un défi, l’horaire du trajet avait été réalisé pour le Zilvermeeuw qui volait à 250 km/h alors que le Pelikaan atteignait péniblement 180-190 km/h. Pour rendre les choses encore plus difficiles, l’avion se perdit entre Rome et Athènes à cause d’une météo exécrable. Le danger devint tout à coup bien réel, les ailes givraient.

Ils finirent par se poser à Thessalonique, un peu trop au nord par rapport à Athènes. Et même là, l’atterrissage failli tourner à la catastrophe. La mauvaise visibilité fit qu’une crête montagneuse apparut tout à coup sur le chemin de l’avion lors de l’approche finale. Heureusement, après cette dramatique étape, la météo devint plus clémente pour le reste du vol. Mais ce retard ne fit rien pour calmer la tension de l’équipage.

C’est difficile de rester éveillé quand, pendant des heures, il n’y a rien d’autre à faire que d’écouter le ronron régulier des moteurs. Si ce n’est faire du café. Arrivé à Bagdad, beaucoup de gens les attendaient mais l’équipage ne pouvait pas y rester trop longtemps. A peine le plein fait et l’avion redécollait. Arrivé à Calcutta, et tout l’équipage était épuisé. Ferait-on un arrêt un peu plus long ? Bien sûr que non, le courrier devait arriver à temps. Ce n’est qu’à l’escale de Bangkok que l’équipage prit quelques heures pour dormir. Ensuite, plus ils s’approchaient de leur destination et moins la fatigue se faisait ressentir. Ah les merveilles de l’adrénaline !

500 kilos de lettres de Noël

Le 22 décembre 1933, après quatre jours quatre heures et 35 minutes de vol, le Pelikaan se posa à Batavia. C’était un nouveau record. L’adulation était à son paroxysme. Smirnoff, Soer, Grosfeld et Van Beukering furent accueillis comme des héros. Sous une pluie de fleurs fraîchement coupées, leur parade triomphante dans les rues de Batavia fut suivie par des milliers de personnes. Ils avaient réussi !

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Le courrier était arrivé à temps, et une autre demi-tonne de courrier attendait pour le retour vers Amsterdam. Mais, avant, ils filèrent vers un repos bien mérité.

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De gauche à droite : le copilote Soer, le radioVan Beukering, le mécanicien Grosfeld et le commandant Smirnoff

Un appel téléphonique

La compagnie téléphonique nationale offrit à l’équipage la possibilité de téléphoner à leur famille en Hollande, ce qui, en 1933, n’était pas un petit cadeau. Les quatre membres d’équipage attendirent donc l’appel qui devait venir de leur famille restée en Hollande. Mais le commandant Smirnoff fut assez étonné d’entendre non pas sa femme Margot, comme il s’y attendait, mais un certain Docteur Engelkens, qui lui apprit qu’il était le chirurgien qui venait d’opérer sa femme en urgence pendant son absence. Elle avait décidée de ne pas informer son mari qu’elle devait être opérée pour qu’il ne quitte pas son poste. On se doute que Smirnoff ne fut pas très heureux de cette nouvelle, il ne croyait pas el chirurgien quand celui-ci lui disait que sa femme allai bien et se remettait vite. Après tout la chirurgie de 1933 et celle d’aujourd’hui sont bien différente, on comprendra donc la réaction du commandant Smirnoff.

Le 26 Décembre, l’équipage décolla de Batavia pour revenir en Hollande, en volant le plus vite que le Pelikaan le permettait. L’équipage considéra comme son devoir de battre le record qu’il venait d’établir. Malheureusement, ils rencontrèrent de forts vents de face pendant tout le vol. Comme souvent dans de telles circonstances, c’est la dernière partie du voyage qui coûte le plus : de forts vents et du brouillard. Des milliers de spectateurs s’étaient amassés à Schiphol pour leur retour. Ils voulaient tous voir de leurs yeux, un avion qui avait décollé pour l’autre côté du monde tout juste 100 heures auparavant.

On se retrouve

Le Pelikaan finit par atterrir à Schiphol le 30 Décembre. On était presqu’en 1934, en plein milieu de l’hiver et l’atterrissage de nuit fut plutôt à hauts risques. Au dernier moment, une bourrasque ballota tellement l’avion que Smirnoff préféra reprendre de l’altitude et tenter l’atterrissage une deuxième fois. C’est alors que les nuages s’écartèrent et que, droit devant l’avion en approche apparut la piste de Schiphol tout éclairée de ses tous nouveaux feux de guidage. L’atterrissage fut parfait.

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La foule massée sur le tarmac s’époumona à qui mieux mieux, d’autant plus fort qu’elle venait de le faire pendant pas loin de dix minutes déjà lors de la tentative précédente d’atterrissage. L’exploit de la foule et de l’équipage était retransmis en direct sur toutes les radios hollandaises. Partout on suivait ce qui se passait à Schiphol. Et, notamment, la visite immédiate que Smirnoff fit à sa femme alitée.

L’auteur: Frido Ogier, KLM


ouaf ouaf ! bon toutou !!

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