#1 [↑][↓]  31-03-2019 17:18:26

bricedesmaures
Pilote Virtuel
Date d'inscription: 02-12-2015

confusion des genres: 5 morts

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Le 21 janvier 2019 un Piper Malibu tombe en mer au large des îles anglo normandes. Tout le monde a entendu parler de cet accident car le seul passager de ce vol entre Nantes et Cardiff était Emiliano Salla, une star du ballon rond. La photo de l'avion a été prise le soir du départ.

Les enquêteurs anglais ont publié un bulletin spécial il y a un mois et qui donne déjà beaucoup d'informations.

Le vol était parti de Nantes vers Cardiff en toute fin de journée. Vol VFR avec un seul pilote à bord, pilote avec une licence PPL EASA, croisière initiale au FL 55. En approchant des iles anglo normandes, le pilote demande à descendre pour rester en VMC, il descend mais en 3 minutes, sa trajectoire et son altitude font de grosses variations pour finir dans la mer. Les recherches par engin sous marin ont finalement découvert l'épave à 30 m de la dernière position radar.

L'avion était immatriculé aux USA mais le propriétaire n'avait pas fait de demande pour une exploitation commerciale. La licence PPL EASA permet d'utiliser un avion immatriculé aux USA entre 2 pays EASA. La règlementation US (et EASA) permet de faire partager les coûts (cost sharing) mais elle doit se faire à parts égales et le pilote ne doit pas payer moins que sa quote part. L'enquête actuelle ne donne pas d'infos sur les conditions de ce transport, mais je doute que le passager ait compris les conditions de son "affrêtement".

N'étant pas propriétaire de mes post, pas de pb pour publier une photo de foot ou autre wink


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L'accident de l'avion du joueur de foot, n'est pas sans rappeler un autre accident plus ancien où les conditions de l'affrêtement fragilisent les passagers qui n'en ont pas connaissance.

Le 16 juillet 1995 en fin d'après midi un Beech Baron s'écrase à proximité de Luçon (Vendée). 3 personnes à bord, 2 tués et la 3 ème grièvement blessée. Cette passagère très fortunée était Mme Barrière (Groupe Barrière) Tétraplégique à la suite de cet accident, elle est décédée après 6 ans de calvaire.

Elle avait affrété un bimoteur Beech Baron pour se rendre de St Tropez à la Baule. L'avion venait initialement de Bourges où le plein carburant a été fait. Le pilote n'ayant pas l'autorisation de se poser à La Môle (usage restreint), il se pose au Luc (Var) pour prendre sa passagère. Cet aérodrome étant militaire, il n'a pu y prendre du carburant et est donc reparti vers La Baule et toujours en VFR. L'avion est tombé en panne d'essence du côté de Luçon (réservoirs vides) et a brulé lors de l'atterrissage en campagne.

Quelques extraits du rapport du BEA:

La passagère, qui recherchait un moyen de transport entre Saint Tropez et La Baule, avait consulté plusieurs compagnies de transport aérien à la demande avant de choisir l'association "Centre Aff'air". En effet, parmi les documents retrouvés sur les lieux de l'accident se trouvait une télécopie indiquant que le coût du voyage se montait à 8000 francs. Ce prix était environ cinq fois inférieur aux propositions des différentes compagnies de transport à la demande. C'était la première fois que la passagère utilisait les services de cette association.


L'enquête a montré que la passagère avait consulté plusieurs compagnies de transport public aérien à la demande et que leur prix avait été largement supérieur à celui proposé par l'association "Centre Aff'air". En effet, l'appareil étant exploité en régime aviation générale n'était pas soumis à la même réglementation que les aéronefs de transport public. La réglementation qui s'applique aux entreprises de transport public leur impose des contraintes d'équipement, de maintenance et de formation du personnel que ne connaissent pas les exploitants en aviation générale.
L'enquête a également montré que l'association "Centre Aff'air" effectuait de la publicité pour promouvoir ses services. Pour la passagère qui n'avait pas de connaissances particulières en aéronautique, il était certainement difficile de faire la différence entre cette association, dont elle n'était pas membre auparavant, et une entreprise de transport public.

L’avion appartenait à la Société Lyonnaise de Crédit Bail « SLIBAIL » depuis le 22 avril 1993. Il était loué à la société Editions Publications Techniques et Commerciales (EPTC). Cette SARL était gérée par la femme du passager avant et
ne possédait pas d’agrément de transport aérien public. L'EPTC mettait l'avion à la disposition d'une association de type loi 1901 nommée "Centre Aff’Air" destinée à "promouvoir les voyages aériens de ses membres" et dont le passager était le président. Le pilote en était le trésorier. Pour se faire connaître, cette association distribuait des plaquettes publicitaires telles que celle présentée en Annexe 4. Elle facturait à ses membres les coûts directs des déplacements et une contributionaux frais d'entretien. Par contre, le pilote ne se faisait apparemment pas rémunérer pour les vols qu'il effectuait.

3.1 Faits établis par l'enquête

· Le pilote détenait les licences et qualifications nécessaires pour le vol entrepris.
· L'avion possédait les documents de navigabilité exigés par la réglementation.
· La masse de l'appareil et son centrage, tant au moment du décollage qu'au moment de l'accident, étaient dans les limites autorisées.
· Aucune anomalie technique n'a été décelée sur l'avion et ses moteurs.
· Les moteurs se sont arrêtés en vol, par défaut d'alimentation en carburant consécutif à une panne sèche. Il n'y avait pas le carburant nécessaire à bord de l'appareil pour effectuer la mission.
. Le pilote ne s'est pas préparé à l'atterrissage en campagne.

3.2 Causes probables

L'accident résulte d'un arrêt des deux moteurs en vol, par défaut d'alimentation en carburant dû à une panne sèche. La panne sèche est due à une préparation et une gestion du vol insuffisantes.
Les conséquences de cet accident sont dues à l'absence d'anticipation pour l'atterrissage en campagne. Ce manque de préparation peut s'expliquer par le fait que le pilote espérait se poser sur l'aérodrome de Fontenay Le Comte qu'il croyait très proche.

Bulletin AAIB, Piper Malibu

Rapport accident Beech Baron

Dernière modification par bricedesmaures (31-03-2019 17:27:22)


L'expérience, c'est le nom que chacun donne à ses erreurs. Oscar Wilde

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